A une centaine de kilomètres au sud, la centrale nucléaire de Fukushima continue de donner des signes d'inquiétude, à un un mois jour pour jour après qu'une vague de 14 mètres de haut eut dévasté ses installations électriques et ses circuits de refroidissement.
Les techniciens de l'opérateur TEPCO se sont activés pour terminer dimanche le déversement dans la mer de 11.500 tonnes d'eau faiblement radioactive afin de faire de la place dans des cuves pour évacuer une eau plus polluée. Cette initiative controversée avait provoqué l'inquiétude des voisins du Japon, dont la Chine et la Corée du Sud.
Pour sa deuxième visite sur le terrain, M. Kan, toujours malmené dans les sondages d'opinion, s'est rendu sur le port d'Ishinomaki, gravement endommagé par le séisme de magnitude 9 et surtout le tsunami géant qui a suivi.
"Nous ne vous abandonnerons pas", a promis M. Kan aux habitants. "Le gouvernement va travailler de toutes ses forces avec vous".
Il a précisé que l'une des priorités était que "la pêche côtière puisse reprendre au plus vite" après la destruction des installations portuaires et des embarcations sur toute la côte Pacifique du Tohoku (nord-est).
Le maire, Hiroshi Kameyama, a réclamé à l'Etat la construction "le plus tôt possible" d'habitations temporaires pour les milliers de sinistrés qui vivent encore dans des abris.
"Il y a 17.000 personnes dans les centres d'accueil et la plupart ne récupèreront jamais leur domicile", a expliqué le maire de cette ville qui comptait 163.000 habitants avant la catastrophe. 2.653 d'entre eux sont morts et 2.770 portés disparus, selon un bilan provisoire.
M. Kan a promis la construction d'un premier lot de 70.000 habitations dans le nord-est, où un total de 150.000 personnes vivent encore dans des centres d'accueil.
Après une période de deuil d'un mois, le gouvernement estime que l'heure de la reconstruction est venue.
Un comité spécial chargé d'organiser les travaux dans le Tohoku doit être mis en place officiellement lundi, jour anniversaire de la catastrophe, et le Premier ministre devrait lors d'une conférence de presse appeler la population à consommer plus pour soutenir la troisième économie mondiale.
Mais la pollution radioactive dégagée par la centrale accidentée de Fukushima risque d'aggraver encore la situation des agriculteurs et des pêcheurs du nord-est.
Plusieurs produits agricoles sont déjà interdits de vente dans les préfectures entourant la centrale de Fukushima Daiichi (N°1) et des tests effectués sur les poissons ont révélé un taux anormal de césium dans une sorte de petite anguille de sable.
Le gouvernement reconnaît que la situation à la centrale reste toujours instable un mois après l'accident, qui aurait pu déboucher sur une catastrophe nucléaire plus grave que celle de Tchernobyl il y a 25 ans.
Le refroidissement des six réacteurs, d'abord avec de l'eau de mer puis de l'eau douce, a permis de stopper le processus de fusion des barres de combustible.
De la fumée blanche continue de s'échapper de quatre réacteurs, les plus gravement endommagés, alors que les travaux de rétablissement de l'électricité et des pompes de refroidissement avancent très lentement, en raison notamment de la présence d'eau fortement radioactive dans les bâtiments.
Plus de 20.000 soldats, 90 avions et 50 navires ont été mobilisés dimanche pour mener une nouvelle opération de recherche de corps le long des côtes alors que près de 15.000 personnes étaient toujours portées disparues. Le nombre de morts confirmés s'élevait dimanche à 12.998, selon la police.
A Tokyo, plusieurs milliers de personnes, dont de nombreux jeunes, ont manifesté dans le calme pour réclamer l'arrêt du nucléaire et le développement des énergies renouvelables. "C'est la première fois que je manifeste. C'est peut-être trop tard pour Fukushima mais il y a d'autres centrales au Japon", a expliqué Yuko Yuge, une femme de 39 ans.
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