Tatouage (jeudi 24 mai - 00h45)
À l’apogée de son talent, Yasuzo Masumura tourne un drame sanglant porté par la colère et la vengeance d’une femme. Un chef-d’œuvre, avec dans le rôle principal Ayako Wakao, l’actrice fétiche du réalisateur japonais.
Adapté de l’œuvre de Junichirô Tanizaki, Tatouage a des allures de conte moral dont la profession de foi s’exprime tout entière dans la vindicte de la jeune femme tatouée de force comme un animal, lancée à son maquereau : “C’est vous les hommes qui m’avez voulue comme ça, je ne fais que me venger.” À travers ce film historique, le réalisateur de La bête aveugle se joue des figures masculines maîtresses de la société japonaise – le père autoritaire, le marchand véreux, le souteneur peu scrupuleux, le riche samouraï – et lui tend, par l’intermédiaire de son personnage féminin, un miroir dans lequel tous basculent. Avec une grande économie de moyens, Masumura organise ce film comme une pièce de théâtre où chaque scène portée à son paroxysme chasse l’autre, inexorablement. Machine de guerre chargée de sensualité, Otsuya trouve son plaisir dans l’attirance et les tourments qu’elle suscite, dans l’inexorable mort qu’elle provoque. Conte moral plongé dans un huis clos nocturne, Tatouage se déploie comme une tragédie érotique moderne. Son pouvoir évocateur reste aujourd’hui encore intact.
Synopsis:
Théâtre intimement lié à la musique, au chant et à la danse, le nô est l'un des genres artistiques les plus fascinants du Japon. Il est aussi le plus ancien théâtre de masque du monde.
Loin du bruit et de l'agitation tokyoïtes, le nô raconte et chante des histoires très anciennes. Le documentaire nous transporte dans un univers de silence, de clarté et de beauté ; il brosse le portrait de grands artistes et témoigne des divergences entre modernité effervescente et tradition. Des oppositions qui n'en sont pas, comme en témoignent deux artistes réputés, qui évoluent dans ces mondes avec une égale aisance.
Côté rue, côté cour
Dans le Japon du XIIIe siècle, les formes anciennes du spectacle telles que le sarugaku et le dengaku se complexifient peu à peu et évoluent vers des spectacles de plus en plus proches du théâtre. Des quatre troupes spécialisées dans ces arts de rue au début du XIVe siècle, celle de Kan-ami est la plus importante. En 1374, le jeune prince Yoshimitsu, troisième shogun de la dynastie des Ashikaga, invite le célèbre artiste à se produire au palais, au grand dam des gens raffinés de la cour. En fin Scaramouche, Kan-ami a le bon goût de joindre à ses farces une danse rituelle, donnant une grande élégance à un spectacle à l'origine populaire. C'est une révélation. Le jeune shogun, enthousiasmé, prend Kan-ami et son fils Zeami sous sa protection. C'est ce dernier qui "invente" véritablement le nô. Non seulement on lui doit les meilleures pièces du répertoire, mais il en fixe aussi les bases théoriques, exposant la technique du nô, la dynamique du jeu de l'acteur, les ressorts de la relation auteur-acteur-spectateur ou encore les mécanismes de l'action dramatique.