Lors de la Cérémonie de remise des Prix, la cinéaste Naomi Kawase a déclaré : « C’est formidable d’avoir pu faire des films et de continuer à en faire. Je suis contente. C’est très dur d'en faire. Je crois que c’est aussi dur que de vivre ; cela ressemble à la vie. Dans une vie, il y a beaucoup de difficultés, il y a beaucoup de choses qui vous font souffrir, il y a beaucoup de choses qui vous font hésiter ou trébucher sur le chemin. Je crois, à ce moment, qu'on cherche quelque chose au fond de soi qui peut nous redonner de la confiance et de la force. On essaie de se trouver des forces – ce n’est pas l’argent, des voitures ou des vêtements - ce n’est pas forcément quelque chose de visible. Ça peut être le vent, la lumière, le souvenir des Anciens. Et quand on trouve ce point d’appui dans le monde, on peut être tout seul et continuer. Merci d’avoir apprécié mon film, d’avoir reconnu ce que je voulais dire dedans. Merci beaucoup ! Ce monde est formidable. »
Lors de la conférence de presse des lauréats, Naomi Kawase a déclaré sur son évolution personnelle : « Quand j’ai eu la Caméra d’Or il y a dix ans, je n’avais rien réalisé, ça m’était tombé du ciel ; c’était un prix totalement inattendu. Au cours de ces dix années, j’ai fait pas mal de films, j’ai continué à mettre en scène. J’ai senti qu’il y avait des spectateurs dans le monde entier qui aimaient mon cinéma. Je me sentais un peu responsable vis-à-vis d’eux. D’autant plus responsable que mon film était la seule production japonaise sélectionnée en Compétition à Cannes. C’était un poids, une responsabilité assez écrasante. J’étais un peu inquiète en arrivant dans la salle. Pendant ces dix ans, le Festival s’est beaucoup développé, et moi-même, j’ai pas mal progressé. Je vais continuer à faire des films pas à pas, en essayant de me construire parallèlement à Cannes. (…) Je voulais que les choses invisibles soient aussi importantes que celles visibles. Je voudrais que ce message soit perçu et connu du monde entier. Je pense que ce Grand Prix donnera une certaine visibilité à ce message. »
Avec La Forêt de Mogari, la Japonaise Naomi Kawase revient à Cannes dix ans après avoir remporté la Caméra d’Or pour Moe No Suzaku et quatre ans après avoir présenté Shara en Compétition. Dans son nouveau long-métrage, la jeune cinéaste narre la relation complice d’un vieil homme avec son aide-soignante. Tous deux partagent un lourd secret : la perte d’un être cher. Le thème du deuil est au centre de La Forêt de Mogari. « Mogari » désigne en effet la période consacrée au deuil ou le lieu du deuil.
La réalisatrice Naomi Kawase évoque la relation entretenue par ses deux personnages principaux avant et après qu’ils aient pénétré dans la forêt de Mogari : « Ils partagent un lourd secret : la perte d’un être cher et le temps du deuil. C’est une grande empathie qui les lie l’un à l’autre et non un sentiment de tristesse. Ceux qui ont perdu un être cher sont souvent plus sensibles à la douleur des autres. Une fois que Shigeki et Machiko pénètrent dans la forêt, c’est cette dernière qui les protège et veille sur eux. La nature existe en soi, indépendamment de toute intervention de l’homme. On s’y sent protégé. (…) Quand je cherche à exprimer ce sentiment de sécurité que m’inspire une telle force invisible à l’œil nu, j’ai recours aux images. »
Synopsis:
A l’est de Nara, ancienne capitale du Japon, se trouve la forêt de Mogari. Cet été-là, par une chaleur torride, une jeune femme et un vieil homme s’enfoncent dans cette forêt. Tous deux partagent la perte d’un être cher sans parvenir à en faire le deuil. Mais au coeur de cette nature, protectrice et bienveillante, ils vont à nouveau se sentir vivants.
Trailer sur le site d'Arte: www.Arte.tv