Le face à face de deux trésors nationaux japonais et français

Le propos de l’exposition est d’organiser un face à face entre deux œuvres majeures, la Tapisserie de Bayeux d’une part, le rouleau narratif du Grand Conseiller Ban ou Ban Dainagon emaki d’autre part.

Le prêt du rouleau original se révélant impossible en raison de son statut de trésor national, c’est un « collotype » qui sera prêté par le musée Idemitsu de Tokyo. Il s'agit d'une œuvre photographique rehaussée de couleurs grâce à l’aquarelle. Elle a été réalisée dans le courant du XXe siècle.

Par un heureux hasard, l’un des « collotypes » représentant la Tapisserie de Bayeux appartient aux collections de la Médiathèque municipale de Bayeux qui permettra son exposition. Il fut exécuté en 1872 par le britannique E. Dosseter.
 
La collotypie, technique photographique permettant l’ajout de couleurs peintes, et appréciée pour l’exactitude de ses représentations, fait le lien entre les deux œuvres.

Par ailleurs, les reproductions intégrales du rouleau japonais et de la Tapisserie seront déployées sur 35 mètres de long en un face à face direct. Les agrandissements du Ban Dainagon emaki, d'une qualité à ce jour jamais atteinte en France ou au Japon, seront réalisés par M. Shirono Seiji, photographe à l'Institut National de Recherche pour le Patrimoine Culturel de Tokyo.

L'art narratif des Emakimono - Qu’est ce qu’un emakimono ?

Le terme emakimono, littéralement « rouleau imagé », souvent simplement appelé emaki, désigne un système de narration horizontale illustré. Format importé de Chine par les moines bouddhistes dès le VIe siècle, il est porté à un très haut degré de raffinement au Japon à partir de l’ère de Heian (X-XIIe siècle).

Alternant textes et illustrations enluminées ou estampées, les emaki racontent des légendes, histoires célèbres à teneur religieuse ou profane. Support privilégié pour la littérature, les emaki illustrent romans (Genji monogatari, composé au XIe siècle par Murasaki Shikibu), récits épiques (Heike monogatari), religieux (Shigi san engi emaki), et même visions de l’enfer (Hyakki yagyô emaki).

Ces récits sont lus progressivement, à mesure que le lecteur déroule le rouleau à partir de la droite et l’enroule à sa gauche. Produits pour une élite, les emaki rassemblent des matériaux rares : papier et tissu précieux, enluminés à l’or et avec des pigments précieux, calligraphiés et peints avec art.

Du procédé de narration au cinéma d'animation

Dès le Moyen Âge, à chaque extrémité du globe, se développait une réflexion autour de la narration et des façons de la représenter.

Décomposition d’une action au sein d’un même plan ou d’une même séquence, représentation de l’écoulement du temps, effets dramatiques donnant vie à la course des personnages, se trouvent tant au fil de la Tapisserie qu'au fil du Ban dainagon emaki.

L’utilisation des bornes interactives va permettre au visiteur non seulement de comprendre le déroulement du récit, mais également à décrypter la succession et l’organisation des séquences, comparables aux mouvements de caméra mis en œuvre au cinéma.

Enfin, si le lien entre peinture narrative et dessin animé est bien connu des Japonais, il est moins apparent pour les Français. La présence dans l’exposition des planches du film d’animation La conquête de l’Angleterre, conçues par Emile Cohl en 1936, démontre l’impact que la Tapisserie de Bayeux a eu sur les origines du dessin d’animation en France.

Musée de la Tapisserie de Bayeux:
Centre Guillaume Le Conquérant
Rue de Nesmond
14400 Bayeux
Tél : 02 31 51 25 50

Plein tarif : 7,80€
Tarif groupes adultes : 5,20 €
Tarif jeunes : 3,80 €
Tarif groupes scolaires et étudiants : 2,80 €
Gratuité pour les enfants de moins de 10 ans

Site officiel du Musée de la Tapisserie de Bayeux : www.tapisserie-bayeux.fr